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Le cancer du sein est une maladie très hétérogène, ce qui signifie que chaque cas est différent. La détermination du type de cancer est essentielle pour faire le meilleur choix thérapeutique possible. Les examens diagnostiques permettent de caractériser le cancer du sein selon plusieurs critères :  

  • La localisation de la tumeur; 
  • Le stade et l’état migratoire ; 
  • Le grade de la tumeur; 
  • Le sous-type moléculaire;  
  • Les types de cancer du sein rares : inflammatoire, maladie de Paget, métaplasique, etc; 
  • La mutation des gènes.  

Il existe plus de 150 combinaisons de ces facteurs, chacune ayant ses propres risques de progression, de formation de métastases et de récidive. C’est en tenant compte de ces différents facteurs qui varient d’un cas de cancer du sein à l’autre que l’on peut établir un plan de traitement adapté.  

Localisation de la tumeur mammaire primaire

La caractérisation du cancer du sein tient compte de l’emplacement des cellules cancéreuses. Le cancer du sein peut se développer dans différentes structures du sein :  

  • Carcinome canalaire : les cellules cancéreuses sont présentes dans les canaux galactophores (petits conduits transportant le lait). Ce type représente 85 % des cancers du sein. 
  • Carcinome lobulaire : présence des cellules cancéreuses dans les lobules (les petites unités structurelles qui constituent le sein). Il représente de 10-15 % des cancers du sein.  

Stade et état migratoire

Le stade est une mesure allant de 0 à 4, qui détermine l’étendue du cancer du sein. Selon le stade, on parle de cancer du sein in-situ, précoce, localement avancé ou métastatique (avancé).

On détermine le stade du cancer du sein selon l’échelle TNM (Tumor, Node, Metastasis — Tumeur, Ganglion, Métastase). Les critères pris en considération sont la taille de la tumeur, le nombre de ganglions lymphatiques atteints et la présence de métastases dans d’autres organes.

Types de cancers du sein
StadeCaractéristiquesStatut migratoire
0Les cellules cancéreuses sont localisées seulement dans la membrane d’un canal galactophore (cancer dit carcinome canalaire in situ) ou dans la membrane d’un lobule (cancer dit carcinome lobulaire in situ) dans lequel elles ont pris naissance. In situ (non-invasif) : Les cellules cancéreuses demeurent à l’endroit où elles ont pris naissances, sans envahir les tissus voisins.  
1La taille de la tumeur cancéreuse est de 2 centimètres ou moins et le cancer ne s’est pas propagé aux ganglions lymphatiques, ou on n’observe qu’un petit nombre de cellules cancéreuses dans les ganglions.  Infiltrant (invasif) : la tumeur cancéreuse peut briser la membrane du tissu d’origine. Des cellules cancéreuses ont alors quitté leur tissu d’origine et se sont localisées dans des tissus voisins.  
2La taille de la tumeur est de plus de 2 cm et elle ne s’est pas propagée aux ganglions lymphatiques voisins, ou encore elle mesure moins de 5 cm, mais elle s’est propagée aux ganglions voisins.  Infiltrant (invasif) : la tumeur cancéreuse peut briser la membrane du tissu d’origine. Des cellules cancéreuses ont alors quitté leur tissu d’origine et se sont localisées dans des tissus voisins.  
3Le cancer s’est propagé aux ganglions lymphatiques et possiblement aux tissus voisins, par exemple à des muscles ou à la peau.   Infiltrant (invasif) : la tumeur cancéreuse peut briser la membrane du tissu d’origine. Des cellules cancéreuses ont alors quitté leur tissu d’origine et se sont localisées dans des tissus voisins.  
4Le cancer s’est propagé à d’autres parties du corps, dans des organes à distance.Métastatique : Les cellules peuvent se mouvoir et emprunter la voie sanguine ou lymphatique pour se propager et se fixer sur d’autres organes (stade 4) 

Grade de la tumeur

Allant de 1 à 3, le grade mesure le degré de malignité du cancer du sein, c’est-à-dire sa vitesse de propagation. Plus le grade est élevé, plus les cellules cancéreuses ont tendance à se développer rapidement, et plus elles sont plus susceptibles de se propager par rapport à des cellules de bas grade.  

C’est le pathologiste qui détermine le grade du cancer du sein en examinant au microscope les tissus prélevés lors de la biopsie. Pour assigner le grade, le pathologiste compare l’apparence et le comportement des cellules cancéreuses par rapport aux cellules normales. Plus précisément, il analyse leur niveau de différenciation, les anomalies structurales, la présence de nécrose tumorale, et leur vitesse de croissance.  

Niveau de différenciation

Les cellules cancéreuses ont des caractéristiques morphologiques différentes des cellules normales. Une cellule cancéreuse qui ressemble à une cellule saine est dite bien « différenciée », alors qu’une cellule avec un aspect très différent est « peu différenciée » ou « indifférenciée » : elle perd les caractéristiques de la cellule d’origine. Moins la cellule est différenciée, plus le grade est élevé et indique que le cancer risque de croître rapidement. 

Vitesse de croissance

Pour évaluer la vitesse de croissance des cellules cancéreuses, on mesure le niveau d’expression de Ki-67, une protéine dont la quantité augmente lorsque les cellules se divisent. Les cellules contenant Ki-67 sont colorées par une technique d’immunohistochimie et le pourcentage de cellules exprimant ki-67 est évalué. Plus il y a de cellules positives, plus la progression du cancer est rapide. 

GradeDescription
1Croissance lente – risque de propagation moins élevé  
Tumeur invasiveCellules cancéreuses bien différenciées ; ressemblent aux cellules normales.  
Tumeur In SituNoyaux des cellules cancéreuses sont petits à moyens et ont tous la même forme. Pas de présence de nécrose cellulaire.  
2Croissance et risque de propagation moyenne
Tumeur InvasiveCellules cancéreuses modérément différenciées.  
Tumeur In SituNoyaux des cellules cancéreuses sont petits à moyens et ont tous la même forme. Présence de quelques petites régions de nécrose.  
3Croissance plutôt rapide – risque de propagation plus élevé  
Tumeur invasiveCellules cancéreuses peu différenciées ou indifférenciées ; apparence anormale en comparaison avec les cellules saines. 
Tumeur In SituNoyaux des cellules cancéreuses sont grands et de forme inégale. Présence de mort cellulaire (nécrose).  

Statut des récepteurs hormonaux et Her2

Un dérèglement de l’expression des récepteurs hormonaux (ER et PR) et/ou du récepteur Her2 est souvent impliqué dans le développement du cancer du sein. Il est important de déterminer si ces récepteurs sont surexprimés (c’est à dire s’ils sont présents en plus grande quantité) dans les cellules cancéreuses, afin de déterminer le plan de traitement le plus adapté. Pour évaluer l’expression des récepteurs hormonaux et de Her2, des tests sont faits sur les cellules cancéreuses prélevées lors de la biopsie. 

Les récepteurs hormonaux

Les œstrogènes et la progestérone interagissent respectivement avec le récepteur des œstrogènes (ER) et le récepteur de la progestérone (PR). Les récepteurs hormonaux sont des protéines situées à la surface des cellules. En s’y liant, ces hormones stimulent la croissance cellulaire. Quand les cellules cancéreuses ont ces récepteurs, ces hormones peuvent donc s’y fixer et aider ces cellules à croître. 

Les récepteurs aux œstrogènes (ER) et de la progestérone (PR) sont impliqués dans environ 80 % des cancers du sein, où ils sont présents en plus grand nombre que dans les cellules normales. La surexpression des récepteurs ER et PR est associée à une prolifération cellulaire plus élevée.  

On analyse toujours les cellules cancéreuses afin de vérifier la présence (+) ou l’absence (-) de récepteurs hormonaux. Lorsque les cellules cancéreuses ont des récepteurs aux œstrogènes (ER+), à la progestérone (PR+) ou les deux, ont dit que les récepteurs hormonaux sont positifs, et que le cancer du sein est hormonodépendant ou hormonosensible.  

Les cancers du sein hormonodépendant peuvent être traités par hormonothérapies, qui modifient les taux d’hormones ou bloquent leur action, dans le but de ralentir la croissance et la propagation des cellules du cancer du sein.  

Le statut HER2

Qu’est-ce que Her2 ?

Le gène Her2 est responsable de la prolifération cellulaire et peut subir une amplification génique, ce qui provoque une surexpression de la protéine HER2, un récepteur qui se trouve à la surface des cellules. Cette surexpression mène à une multiplication incontrôlée et soutenue des cellules et est impliquée dans 25% des cas de cancer du sein. 

Cancer du sein triple négatif

Alors que la plupart des cancers du sein possèdent au moins l’un de ces trois principaux récepteurs identifiés comme cibles thérapeutiques – œstrogène, progestérone et la protéine Her2 – le cancer du sein triple négatif, qui représente 10 à 15 % des cancers du sein, n’en possède aucun.  

En plus de ne pas être éligible aux thérapies ciblant ces 3 récepteurs, la plupart des cancers du sein triple négatif sont des tumeurs agressives, qui ont tendance à se développer et à se propager rapidement, et qui résistent aux autres traitements conventionnels.   

Le cancer du sein de type basal présente à la fois des caractéristiques semblables et distinctes à celles du cancer du sein triple négatif. Bien que le cancer du sein triple négatif soit souvent de type basal, tous les cancers du sein de type basal ne sont pas triples négatifs, et inversement.  

Si vous êtes atteinte d’un cancer du sein triple négatif, différents traitements, telle qu’une chimiothérapie, pourraient vous être proposés. Votre équipe de soins tiendra compte de nombreuses caractéristiques afin de déterminer le meilleur plan de traitement possible pour vous.   

Plusieurs traitements sont à l’étude pour améliorer la prise en charge de ce type de cancer du sein.  

Types de cancer du sein rares

  • Le cancer inflammatoire du sein  
  • La maladie de Paget du sein 
  • Lymphome diffus à grandes cellules B (type de lymphome non hodgkinien) 
  • Sarcome des tissus mous 
  • Mélanome 
  • Tumeurs métaplasiques 
  • Carcinome adénoïde kystique 
  • Tumeur phyllode 
  • Carcinosarcome 
  • Cancer du sein de type basal 

Cancer inflammatoire du sein (CIS)

Il existe d’autres formes plus rares du cancer du sein, comme le cancer inflammatoire du sein (CIS) et la maladie de Paget. Contrairement à la plupart des cancers du sein, qui font naître une ou plusieurs tumeurs solides distinctes, le cancer inflammatoire du sein a plutôt tendance à former des couches ou des nids. 

Les cellules cancéreuses bloquent alors le système lymphatique localement, ce qui provoque les signes et symptômes particuliers du CIS :

  • Démangeaison persistante ; 
  • Apparition de rougeur sur plus d’un tiers du sein; 
  • Sensation de chaleur accrue dans un sein ou sensation de brulure ; 
  • Augmentation du volume des ganglions lymphatiques ;  
  • Augmentation du volume du sein ; 
  • Rétractation du mamelon (retourné vers l’intérieur); 
  • Épaississement ou durcissement de la peau ou du tissu mammaire (aspect peau d’orange).  

Le cancer inflammatoire du sein peut se manifester de différentes façons, et ce type de cancer du sein est parfois accompagné de sensibilités ou de douleur.  

Plusieurs de ces signes peuvent s’apparenter à d’autres problèmes de santé plus courants, comme une mastite ou une infection, qui provoquent une inflammation au niveau du sein. Cette similitude avec des signes d’affections bénignes (non cancéreuses) peut rendre le CIS plus difficile à détecter et entrainer un diagnostic plus tardif.  

Si vous remarquez un tel changement, ou en cas de doute, consultez un médecin-omnipraticien, un gynécologue, ou une infirmière spécialisée sans tarder et sans attendre votre prochain rendez-vous ou votre prochaine mammographie. Lors de la consultation, le professionnel de la santé pourrait effectuer un examen clinique des seins, évaluer votre risque personnel de cancer du sein ou encore vous prescrire des examens diagnostiques s’il le juge nécessaire. 

Pour plus d’information sur le cancer inflammatoire du sein, vous pouvez consulter notre billet de blogue intitulé Cancer du sein inflammatoire: un cancer rare et agressif.  

Présence de mutations dans de gènes clés

Le médecin peut parfois demander une analyse génétique de la tumeur pour vérifier la présence de mutations ou la surexpression de gènes connus comme pouvant être défectueux dans le cancer du sein.

BRCA1 et BRCA2

Les gènes BRCA1 et BRCA2, acronymes de « BReast CAncer », jouent un rôle dans le développement de certains types de cancer du sein. Lorsque ces gènes suppresseurs de tumeurs sont mutés, la réparation de l’ADN et le contrôle de la division cellulaire ne se font pas adéquatement, augmentant ainsi les risques de cancer du sein. Ce phénomène est retrouvé dans 5 à 10% des cas de cancer du sein.