Est-ce que je suis à risque de développer un cancer du sein ?
Malgré les progrès scientifiques et médicaux, les causes du cancer du sein demeurent méconnues. Selon les experts, le cancer du sein est une maladie multifactorielle, c’est à dire qu’elle n’a pas de cause ou de déclencheur unique.
Les études ont montré des preuves significatives que certains facteurs augmentent le risque, c’est à dire la probabilité de développer un cancer du sein au cours de la vie. Bien que le sexe et l’âge soient les facteurs de risque du cancer du sein prédominants, d’autres facteurs peuvent avoir une incidence sur le risque de développer la maladie.
Il est important de noter que certaines personnes qui développent la maladie ne présentent aucun facteur de risque connu.
Les facteurs de risque avérés peuvent être divisés en différentes catégories :
- Facteurs de risque associés à des caractéristiques personnelles : être née femme, avancer en âge, avoir une densité mammaire élevée.
- Facteurs de risque liés aux antécédents médicaux et à l’hérédité : avoir été exposé à un jeune âge à des rayonnements ionisants, être atteint.e d’hyperplasie atypique, avoir déjà reçu un diagnostic de cancer du sein ou de l’ovaire, avoir des antécédents familiaux de cancer du sein ou de l’ovaire, être porteur ou porteuse de mutations génétiques.
- Facteurs de risque hormonaux et reproductifs : être jeune au début des menstruations précoces (avant 12 ans), connaître une ménopause tardive (après 55 ans), la prise prolongée d’hormones (œstrogène et progestérone – traitement pour diminuer les effets de la ménopause, contraceptif hormonal, thérapie d’affirmation de genre), avoir une première grossesse tardive (après 30 ans) ou aucune grossesse à terme.
- Facteurs de risque associés au mode de vie et à l’environnement : Consommer de l’alcool, être sédentaire et/ou inactif physiquement, être en surpoids ou atteint d’obésité à l’âge adulte (1), fumer ou être exposée à la fumée secondaire.
Facteurs de risque associés à des caractéristiques personnelles
Être née femme est en soi un facteur de risque de cancer du sein puisque plus de 99 % des cas se développent chez les femmes. La maladie apparaît chez l’homme dans environ 1 % des cas, et ceux-ci sont souvent âgés de plus de 60 ans. Apprenez-en davantage sur le cancer du sein chez l’homme ici.
Le risque de cancer du sein augmente avec l’âge. Plus une femme vit longtemps, plus la probabilité qu’elle soit atteinte un jour de cette maladie s’accroît. Ce type de cancer est plus fréquent parmi les femmes âgées de 50 à 69 ans. Néanmoins, dans près de 15% des cas, il touche les femmes de moins de 50 ans. Dans environ 20 % des cas, il est diagnostiqué chez des femmes de plus de 70 ans.
Les seins sont dits denses quand ils se composent d’une plus grande quantité de tissu conjonctif (entre les glandes et les canaux), de glandes et de canaux galactophores que de tissu graisseux (adipeux). Seule une mammographie permet de déterminer la densité du sein. La mammographie permet de distinguer les contrastes entre les tissus denses radio-opaques (en blanc) des tissus graisseux radio-translucides (en gris).
Voici un exemple d’un sein peu dense et d’un très dense :
Les femmes aux seins denses ont plus de risques d’être atteintes d’un cancer du sein que les autres femmes. La densité mammaire diminue avec l’âge et après la ménopause. Toutefois, la densité mammaire peut être influencée par nos habitudes de vie. Par exemple, l’utilisation d’hormonothérapie substitutive, une première grossesse tardive, une absence de grossesse et la consommation d’alcool pourraient augmenter la densité mammaire.
Facteurs de risque liés aux antécédents médicaux et à l’hérédité
Le fait d’avoir reçu, pour des traitements médicaux, des radiations ou rayons ionisants est un facteur de risque de cancer du sein. Le risque est plus élevé si le traitement a été administré avec une chimiothérapie lors de la puberté ou avant l’âge de 15 ans.
Les femmes atteintes d’hyperplasie atypique, une affection bénigne (non cancéreuse) caractérisée par un nombre plus important de cellules anormales (atypiques) dans le tissu mammaire, ont un risque plus important de développer un cancer du sein.
Les personnes qui ont déjà été atteintes d’un cancer du sein sont plus à risque d’en développer un autre, dans le même sein ou dans l’autre. Les personnes ayant eu un cancer de l’ovaire peuvent également être plus à risque de développer un cancer du sein.
Le risque de développer un cancer du sein augmente si un ou des membres de la famille, du côté paternel ou maternel, ont déjà été atteints d’un cancer du sein ou de l’ovaire, en particulier s’il s’agit d’une femme et que son diagnostic ait été posé avant la ménopause. En outre, plus le nombre de membres de la famille au premier degré d’une femme (père, mère, sœur ou fille) ayant été atteints de cancer du sein ou de l’ovaire est élevé, plus le risque augmente.
Le risque est plus faible lorsqu’il s’agit de parenté au second degré (grand-mère, tante ou nièce), mais il est plus élevé si le membre de la famille a été atteint d’un cancer aux deux seins (cancer du sein bilatéral) avant la ménopause. Les antécédents familiaux suivants sont aussi considérés comme des facteurs de risque :
- Deux membres de la famille ou plus ayant été atteints d’un cancer du sein ou de l’ovaire.
- Un membre de la famille ayant été atteint d’un cancer du sein et d’un cancer de l’ovaire.
- Un membre de la famille de sexe masculin a été atteint du cancer du sein.
Il est important de noter que la plupart des personnes touchées n’ont pas d’antécédents familiaux de la maladie. Soyez vigilant.e : s’il y a des antécédents de cancer du sein dans votre famille, parlez-en à votre médecin.
Cliquez ici pour consulter nos capsules éducatives sur le cancer du sein héréditaire.
Si le risque de cancer du sein lié à des antécédents personnels ou familiaux vous inquiète, n’hésitez pas à en parler à votre médecin. Ce dernier pourrait évaluer votre risque personnel de cancer du sein et vous référer à conseiller génétique s’il le juge nécessaire.
Les gènes que nous héritons peuvent subir des mutations au cours des générations et ainsi augmenter le risque de développer un cancer. Les mutations génétiques maternelles et paternelles ont 50% de probabilité d’être transmises aux enfants.
Environ 10 % des cas de cancer du sein seraient attribuables à une mutation génétique connue. Cliquez ici pour en savoir plus sur la génétique et le cancer du sein.
Les gènes les plus connus pour être associés au cancer du sein sont BRCA1 et BRCA2. Des mutations sur ces gènes rendent certaines femmes plus susceptibles d’être atteintes d’un cancer du sein.
Des mutations dans d’autres gènes (ATM, CDH1, CHEK2, BARD1, MRE11A, MSH6, NBN, PALB2, PMS2, RAD50, RAD51C, RAD51D, NF1, or SEC23B) ont également été associées à des risques plus élevés de cancer du sein.
Certains autres troubles génétiques héréditaires rares font aussi augmenter le risque de cancer du sein : le syndrome de Li-Fraumeni, l’ataxie-télangiectasies, le syndrome tumoral hamartomateux lié à PTEN (STHP), le syndrome de Peutz-Jeghers.
D’importantes études sont faites pour mieux caractériser quelles mutations, ou associations de mutations, pourraient augmenter le risque de développer un cancer du sein. Éventuellement, il serait possible de déterminer le niveau de risque en fonction du profil génétique, ce qui permettrait une évaluation individuelle et des stratégies de dépistage personnalisées en fonction de ce niveau de risque.
Voir l’étude PERSPECTIVE, financée par la Fondation cancer du sein du Québec (FCSQ).
Si vous êtes porteur ou porteuse de mutations génétiques, apprenez-en davantage sur les lignes directrices de prise en charge du National Comprehensive Cancer Network (NCCN) pour la gestion des risques chez les personnes présentant un risque héréditaire de cancer ici.
Si vous avez des questions en lien avec la génétique et le risque de cancer du sein, vous pouvez contacter Nathalie Bolduc, Conseillère en génétique agréée, à nbolduc@rubanrose.org.
Facteurs de risque hormonaux et reproductifs
Un des principaux facteurs de risque est l’effet de certaines hormones (œstrogène et progestérone), en particulier les œstrogènes, qui favoriseraient le développement de certains types de cancer du sein. Par conséquent, tous les éléments susceptibles d’accentuer la quantité d’œstrogène dans le corps ou d’augmenter la durée d’exposition à cette hormone constituent des facteurs de risque.
L’apparition des menstruations à un jeune âge, soit avant l’âge de 12 ans, allonge la durée d’exposition à l’œstrogène et à d’autres hormones et augmente donc le risque de cancer du sein.
Plus la ménopause survient tardivement, par exemple, après 55 ans, plus la femme se trouve longtemps exposée à l’œstrogène au cours de sa vie. Cela augmente le risque d’avoir un cancer du sein.
Les médecins peuvent prescrire un traitement appelé « hormonothérapie substitutive » (HTS) pour diminuer les effets sévères de la ménopause. Ce traitement est parfois combiné avec une autre hormone : un progestatif, qui est une forme synthétique de la progestérone.
Si l’hormonothérapie substitutive parvient en général à soulager les femmes des effets indésirables de leur ménopause, elle augmenterait, en revanche, le risque de cancer du sein puisqu’elle est composée d’œstrogènes, une hormone liée à cette maladie. Des études ont montré que le risque de développer le cancer du sein augmente après l’utilisation durant cinq ans ou plus d’une hormonothérapie substitutive, et encore plus si celle-ci contient aussi un progestatif.
La hausse du risque semble disparaître quelques années après la fin du traitement. Toutefois, de nombreux chercheurs estiment que les risques de l’emploi à long terme d’une hormonothérapie substitutive, combinée au progestatif, l’emportent sur les bienfaits de ce traitement.
Les femmes aux prises avec des effets sévères de la ménopause doivent donc, avec l’aide de leur médecin, faire le meilleur choix pour leur santé : prendre ou non un traitement d’hormonothérapie substitutive en fonction des symptômes indésirables de leur ménopause et des facteurs de risque personnels liés au cancer du sein.
Quel que soit leur choix, il est fortement recommandé aux femmes pré ou postménopausées de discuter de son risque personnel de cancer du sein avec un médecin, d’observer leurs seins et de suivre les recommandations de dépistage .
Les contraceptifs qui contiennent de l’œstrogène et de la progestérone font également légèrement augmenter le risque de cancer du sein, d’autant plus pour les femmes qui ont fait usage pendant 10 ans ou plus. Toutefois, la hausse du risque prend fin après l’arrêt de la prise de contraceptifs hormonaux.
La prise d’œstrogène et de progestérone dans le cadre d’une thérapie d’affirmation de genre est associée à une augmentation du risque de cancer du sein. Pour plus de détails, consultez la page portant sur le cancer du sein chez les personnes 2SLGBTQIA+.
Durant une grossesse, les cellules mammaires d’une femme cessent temporairement d’être exposées à l’œstrogène circulant. Par conséquent, plus une femme a eu de grossesses, moins elle est exposée à cette hormone liée au cancer du sein, contrairement aux femmes n’ayant porté aucun enfant ou n’ayant mené aucune grossesse à terme.
De plus, les femmes qui ont eu leur première grossesse après 30 ans ont un risque légèrement plus élevé que les femmes pour qui la première grossesse à terme a eu lieu à un plus jeune âge.
Enfin, d’après de nombreuses études, l’allaitement est considéré comme un facteur protecteur contre le cancer du sein.
Facteurs de risque associés au mode de vie et à l’environnement
Outre les facteurs de risques génétiques ou biologiques, certains comportements ou habitudes de vie peuvent augmenter les risques de cancer du sein.
La consommation d’alcool augmente le risque de cancer du sein et ce, peu importe le type d’alcool consommé. Il n’existe pas de quantité d’alcool sécuritaire, et le risque augmente proportionnellement avec la quantité consommée
Deux raisons peuvent expliquer le lien entre la consommation d’alcool et l’augmentation du risque de cancer du sein :
- L’alcool pourrait faire augmenter le taux d’œstrogène, une hormone associée au risque de cancer du sein ;
- L’alcool risque aussi de réduire des éléments nutritifs essentiels qui protègent contre les lésions cellulaires, comme l’acide folique, un type de vitamine B, et les vitamines A et C.
Il est donc recommandé de limiter sa consommation d’alcool. Moins vous buvez, plus vous limitez le risque. Pour en apprendre davantage sur le sujet, nous vous invitons à consulter les Repères canadiens sur l’alcool et la santé et le billet de blogue intitulé Alcool et cancer du sein.
Des recherches indiquent que ne pas faire d’exercice est un facteur de risque de cancer du sein. À l’inverse, les études démontrent un lien entre la pratique régulière d’activité physique et une diminution du risque de développer la maladie. Pratiquer 150 minutes d’activité physique d’intensité modérée à élevée par semaine diminue les risques de développer un cancer du sein de 25 %. En parallèle, il est également important de limiter la sédentarité (le temps passé assis ou couché).
Le surpoids ou l’obésité (1) augmentent le risque de développer un cancer du sein chez les femmes ménopausées. Après la ménopause, les tissus graisseux produisent un peu d’œstrogène. Une augmentation du taux de cette hormone est associée au risque de cancer du sein.
Des études récentes ont démontré que le tabagisme actif augmente le risque de cancer du sein. Il existe également un lien entre l’exposition à la fumée secondaire et le cancer du sein, mais les preuves sont surtout convaincantes chez les femmes jeunes ou préménopausées et qui n’ont jamais fumé.
Outils d'évaluation du risque du cancer du sein
Il existe des outils pour estimer votre risque de développer un cancer du sein en considérant de nombreux facteurs de risque. Toutefois, le médecin demeure la principale ressource pour évaluer votre risque personnel de cancer du sein et pour émettre des recommandations personnalisées.
https://www.cancer.gov/bcrisktool
Breast Cancer Risk Assessment | Cedars-Sinai
Pour en apprendre davantage sur les facteurs de risque du cancer du sein, nous vous invitons à consulter notre capsule éducative intitulée Autres facteurs de risque de cancer du sein.
(1) Le surpoids et l’obésité sont des termes médicaux qui correspondent respectivement à un indice de masse corporelle (IMC) 25 à 30 et de 30 ou plus. Bien que ces termes puissent être perçus stigmatisants pour certaines personnes, notre contenu est basé sur des données de recherche et nous les utilisons de manière neutre et respectueuse, uniquement lorsque nécessaire.
Sources
- Société canadienne du cancer
- National cancer institute
- Institut national de santé publique du Québec
- Organisation mondiale de la santé
- Centers for Disease Control and Prevention