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Vivre avec un cancer du sein inflamatoire

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Ah! C’est un cancer du sein que tu as,  c’est super facile à guérir de nos jours.

Oh que je l’ai entendu cette phrase! Si tu savais combien de types de cancer il y a… Si tu savais tu ne dirais pas ça… Tous les cancers sont uniques.

Celui qui a décidé de me faire une jambette c’est un rare… tellement rare que seulement 34 % des gens réussissent à passer le cap des 5 ans. Fais le décompte et tu te rends vite compte que ça veut dire que 66 % des personnes atteintes en décèdent au cours des 5 premières années suite à l’annonce du diagnostic.

Vivre avec un cancer du sein inflamatoire

Cancer inflammatoire du sein (CIS) c’est le genre d’hypocrite qui apparaît en une nuit. Il est tellement malin que lorsque tu t’en aperçois tu es déjà rendu au stade 3 ou plus. Et les symptômes sont tellement spéciaux que tu n’imagines pas du tout qu’il s’agit d’un cancer; ton sein change de couleur. Certaines ont eu le sein enflé, une peau plus épaisse style pelure d’orange, une démangeaison, un sentiment de brûlure, début de mamelon inversé, etc. Moi c’était une petite partie qui a changé de couleur, de la grosseur d’une pièce de 2 dollars. 

Le soir du samedi 16 janvier, j’ai décidé d’aller écrire sur internet « sein qui change de couleur ». Bang! Je suis tombée face à face avec « cancer inflammatoire du sein ». J’ai compris ce qui m’arrivait, j’étais convaincue! Pourquoi j’ai écrit cela sur le net, pourquoi j’ai vu cette légère rougeur sur mon sein, pourquoi moi? J’ai arrêté de chercher le pourquoi. Je suis embarquée dans ce bateau. Je venais de gagner à cette saloperie de loterie. 

« Ah! Tu es bonne, tu es forte! »

Non je n’ai pas le choix. Oui, j’ai le choix de me rouler en boule et de pleurer toutes les larmes de mon corps, mais moi j’ai décidé d’en profiter. Vivre! 

J’ai quand même passé à travers une montagne russe d’émotions. La colère, l’incompréhension, la peur. J’ai eu le trio : la chimio, la mastectomie et la radiothérapie. Oui oui, j’ai seulement un sein! Quand tu me regardes ça ne parait pas trop car je porte une prothèse. Un jour j’aurais le téléphone pour une reconstruction. Tantôt j’ai peur, tantôt je suis forte. Des questions, tu t’en poses et souvent les médecins ne veulent pas trop répondre… Surtout à te dire combien de temps il te reste. Dre Bilodeau m’a donné une belle réponse et m’a dit: « Je ne peux pas te dire combien de temps mais je sais que tu vas vivre ta vie! » Elle a tout à fait raison je vais vivre ma vie et c’est moi qui va décider de ce que je vais en faire! J’ai fait ma bucket list. Je réalise des rêves. J’essaie, mais il faudrait être millionnaire pour pouvoir tous les réaliser! J’adore les voyages! Je voudrais être éternelle mais je sais que cela est impossible et ce pour tout le monde… Je ne veux pas devenir une statistique. Mon entourage c’est ce que j’ai de plus précieux! Une chance que je suis merveilleusement bien entourée! J’ai repris une vie quasi normale. Je travaille, j’ai mes enfants en garde partagée, je m’occupe de ma maison. L’épée de Damoclès est toujours présente mais j’essaie le plus souvent possible de passer par-dessus et de vivre ma vie!