Mon nom est Martin, 51 ans, je suis en rémission d’un cancer du sein depuis deux ans et je mords dans la vie.
À pareille date l’an passé, un an après la fin de mes traitements de chimiothérapie, j’étais dans un blitz de sensibilisation au cancer du sein masculin. J’enchainais les entrevues à la télé, radio, dans les journaux. J’étais ambassadeur de la Course à la vie et porteur de lumière pour le Centre des maladies du sein du CHU de Québec. J’étais déterminé à mettre un peu de bleu dans la marée rose. J’ai été ravi d’entendre cette année, des porte-paroles mentionner que les campagnes de financement allaient aider les femmes et les hommes atteints du cancer du sein …. (tiens tiens une goutte de bleu dans la marée rose !).Même si l’occurrence du cancer du sein masculin peut encore sembler anecdotique, j’ai encore la conviction que mon message de sensibilisation doit encore faire écho. Comme dit l’adage, ce n’est pas parce qu’on n’en parle pas que ça n’existe pas ! En fait, je ne connais pas d’autres hommes qui ont reçu un diagnostic de cancer du sein après moi, mais il y en a c’est certain.
Cette année, je suis un peu plus tranquille dans mon élan de sensibilisation mais mon message demeure le même et je profite de la force du ruban rose en m’adressant vous mesdames qui êtes déjà sensibilisées. Si chacune d’entre vous en parle à son conjoint, à son frère, à son fils, l’objectif sera atteint rapidement. Qu’on se le dise, un mamelon rétracté, une bosse sur un sein, sur le « chest », sur les « pecs »où n’importe où dans cette région-là, ce n’est pas plus normal chez un homme que chez une femme. Et même pour un homme cela doit être investigué par un médecin. Et rappelez-vous qu’un cancer du sein découvert précocement est un cancer qui a plus de chance d’être guéri.
Deux ans après la fin de mes traitements de chimio, la vie continue. Elle est différente et parsemée de craintes mais elle est belle. Mes enfants deviennent des adultes et prennent leur envol. C’est le fun à voir et ça me remplit de fierté. Le tourbillon du cancer s’estompe, la vie reprend son sens et elle nous fait même des cadeaux. Nous sommes en effet heureux grands parents de la petite Éva qui nous fait réaliser que la vie continue et qu’elle en vaut la peine.
J’ai repris le travail, je m’amuse, je prends du temps pour moi et je profite de la vie à plein. Je crois avoir atteint un certain équilibre. Quand je regarde derrière, la tempête n’est plus qu’un nuage gris alors que mon futur je reconstruis un jour à la fois en gardant à l’esprit que la vie doit être simple et douce.
À ceux qui le vivez présentement, accrochez-vous. Il y a de l’espoir. A vous tous, rappelez-vous que notre meilleure arme contre le cancer du sein est le dépistage précoce. Alors go on s’examine !
Martin Proulx,