Témoignage de Christelle Sarazzin

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Témoignage de Christelle Sarazzin

29 ans en novembre dernier, cancer carcinome canalaire in situ. 6 mois plus tôt, je terminais un essai d’allaitement. J’ai accouché en octobre 2020. L’allaitement ne fonctionnait pas et je n’avais pas de production dans le sein ciblé par le cancer.  6 mois après l’arrêt de l’allaitement, j’ai senti une masse qui se tenait bien entre deux doigts.

On m’a dit de ne pas en faire de cas, que c’était possible après un allaitement. Lorsque j’ai eu mon rendez-vous avec ma gynéco pour une autre raison, elle m’a fait une requête pour une échographie mammaire. La masse était bien présente et avait environ la grosseur d’une balle de golf. C’était douloureux, surtout la semaine avant mes règles.

Il y a eu un délai de deux mois avant mes examens. La journée de mon échographie, j’ai fait cet examen, puis j’ai changé de salle pour une mammographie. Ils m’ont ensuite ramenée en salle d’échographie pour en voir plus et ils n’ont pas aimé ce qu’ils ont vu. Le lendemain matin à 8h, j’avais rendez-vous pour une biopsie. On m’a fait une biopsie à deux endroits différents. C’était le 24 octobre 2021 et je n’avais pas le droit d’être accompagnée en raison des mesures sanitaires liées à la pandémie.

La gynécologue qui m’avait donné ma requête travaillait à la clinique affiliée à l’hôpital. Elle a reçu mes résultats le 4 novembre. Elle m’a donné rendez-vous le jour même.  J’étais sa dernière patiente de la journée. 

Quand tu reçois ton diagnostic, tu penses à tes deux enfants, au fait que c’est deux filles, tu penses à l’inconnu. On ne connait rien au cancer, à 29 ans. On s’imagine que ça frappe plus tard, on voit ça plus souvent à la ménopause.  

Je ne m’y m’attendais pas du tout. Il y avait eu la grossesse et l’allaitement : je croyais que ça découlait de ça. Ma plus vieille avait 5 ans et ma plus jeune était bébé. J’ai expliqué à ma grande que j’avais un gros bobo et que j’aurais plusieurs rendez-vous à l’hôpital que papa allait accompagner maman. 

Mon conjoint a été très présent pour moi. Par contre, il ne me parlait pas beaucoup de comment il se sentait face à cette situation. Il en parlait plus à ses collègues de travail. Il ne voulait pas nécessairement me montrer son inquiétude, il trouvait que je devais en gérer assez. 

Par la suite, j’ai eu une deuxième biopsie pour mieux diriger les plans pour les traitements. Mon oncologue voulait s’assurer si le cancer était infiltrant ou in situ. C’est à cette biopsie qu’ils ont officiellement confirmé le cancer in situ. Pour cette raison, je n’ai pas fait de chimio. 

Mes premiers suivis étaient à l’Hôpital de St-Jérôme. On a ensuite transféré mon dossier au CHUM pour le reste des traitements.  Le 10 février 2022, j’ai eu une mastectomie complète du sein droit avec reconstruction immédiate par lambeau DIEP. C’est avec la peau et le gras du ventre qu’ils reconstruisent le sein. 

Lors de l’analyse de la masse, celle-ci avait un diamètre de 15 cm et comptait 2 foyers infiltrants. Tout a été retiré à l’opération. J’ai aussi eu un retrait de 3 ganglions sentinelles. S’ils étaient atteints, j’allais faire de la chimiothérapie postopératoire. Ils ne l’étaient pas, alors je n’ai pas eu de chimio.

Lorsque j’ai eu l’annonce de mon diagnostic, je suis restée au travail. J’ai seulement arrêté deux jours avant mon opération, le 8 février. Je travaille avec des enfants en milieu scolaire et ça m’aidait à me changer les idées.  Par la suite, au mois de juin, j’ai fait ma radiothérapie pour un total de 15 traitements du lundi au vendredi d’une durée de 15 à 20 minutes au CHUM. Ce que j’ai trouvé le plus difficile dans la radiothérapie est le voyagement tous les jours jusqu’au centre-ville de Montréal.

Au départ, le CHUM voulait me transférer à la Cité de la Santé Laval pour ma radiothérapie, mais à Laval ils ont refusé. Selon eux, la radiothérapie risquerait de me donner des problèmes plus tard. Mon oncologue à Montréal n’était pas d’accord. Elle disait qu’avec une tumeur de 15 cm, il valait mieux faire de la radiothérapie. Au final, c’est moi qui devais prendre la décision. Je me suis rangée à l’avis de l’oncologue qui me suivait depuis le début de mes traitements. Je voulais mettre toutes les chances de mon côté pour éloigner les risques de récidives dans le moment présent. 

J’ai terminé la radiothérapie le 4 juillet. J’étais donc en « vacances » de mon emploi au scolaire. J’ai eu un excellent service au CHUM. Ils retournent mes appels, répondent à mes questions et se montrent très rassurants. 

Plusieurs amies m’ont confié avoir découvert des anomalies sur leurs seins. Elles se tournaient vers moi et me demandaient : « Me suggères-tu d’aller me faire examiner ? » 

Je vis du stress pour l’avenir. Je dois prendre de l’hormonothérapie pendant 5 ans pour bloquer les récepteurs d’hormones parce que, dans mon cas, le cancer s’en nourrissait.  Est-ce que ça va me mettre en ménopause? Je ne sais pas. On m’a dit que ce n’est pas sensé. Par contre, je sens que ça joue déjà sur la régularité de mon cycle. Dans notre cas, nous savions que notre famille était terminée, sinon on aurait pu se tourner vers la congélation des ovules avant le début des traitements. 

C’est de faire face à l’inconnu que j’ai trouvé le plus difficile. Je trouve ça anormal qu’on ne soit pas équipées. On manque d’informations à ce sujet à mon âge. Je ne faisais pas d’auto observation des seins, je ne savais pas comment et je ne savais pas que c’était pertinent à mon âge. Il n’y a pas suffisamment de sensibilisation. 

Plus de gens devraient être au courant qu’il est possible d’être atteinte d’un cancer du sein à un jeune âge. 


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