Intriguant comme titre, n’est-ce pas?
Je l’ai choisi parce que lorsque nous sommes confrontés au diagnostic de cancer, nous entendons souvent : « Bats-toi », « Sois forte », « Reste positive » et « Tu vas gagner ». Le cancer frappe et bouscule. On parle d’éradiquer le cancer, puis de détruire et de tuer les cellules cancéreuses.
Être forte et se préparer à se battre au moment où on se sent tellement vulnérable, sans être en pleine possession de ses moyens, c’est tout un programme!
Bien sûr, je comprends très bien que ces notions de combat soient liées au désir de vivre et de passer à travers cette épreuve. Mais j’aime moins quand on parle de gagner ou de perdre son combat : cette idée met beaucoup de pression sur les épaules.
Le cancer du sein amène aussi avec lui son lot d’émotions intenses.
Je le sais. Je l’ai vécu deux fois.
À ce niveau, nous vivons à peu près toutes les mêmes étapes : le choc initial, le déni, puis la constatation que c’est bien vrai. La colère face à la situation, la tristesse, le désarroi, puis parfois un découragement face à l’ampleur de l’épreuve. Et le tourbillon des émotions ne s’arrête pas là! La peur, le stress et les inquiétudes face à l’inconnu, tout ça s’impose et se bouscule dans notre tête. Les émotions sont à leur paroxysme d’intensité! Et elles drainent beaucoup d’énergie.
Et voilà que nous entendons qu’il faut se battre. Ouffff….
C’est ce que j’ai fait la première fois, alors que j’avais 30 ans. Je me suis réellement battue. Mon quotidien était un combat. Je passais mes journées avec le cancer au centre de mes pensées. Mon but était de trouver les meilleures façons d’y faire face et de le contrer. J’étais très déterminée! Puis, le soir venu, j’avais du mal à calmer mon esprit pour pouvoir trouver le sommeil. Résultat : je suis passée au travers, mais cette période a été stressante et épuisante.
La deuxième fois, bien des années plus tard (à 48 ans), j’ai essayé une autre approche.
J’ai déposé les gants de boxe.
Oh! Ne vous méprenez surtout pas sur ma détermination à vouloir passer à travers de l’épreuve! Cette fois, ce qui était différent, c’est qu’en plus de souhaiter de bien m’en tirer, j’étais tout aussi déterminée à ce que le cancer ne prenne pas toute la place dans ma vie. Alors je me suis concentrée sur les actions et événements que je pouvais changer et je ne perdais pas de temps sur les situations sur lesquelles je n’avais aucun contrôle. Un exemple? On ne peut pas changer un diagnostic. On peut pleurer, rager et faire tous les temps, ça n’y changera rien (oui, j’ai pleuré quelques fois, mais je ne restais pas longtemps dans cette émotion). Alors au lieu de dépenser mon énergie de cette façon, je me concentrais à employer cette même énergie sur les meilleures façons d’aller de l’avant. Ce concept rejoint l’essence même d’une citation qui m’a inspirée et que j’adore : « Puisqu’on ne peut changer la direction du vent, il faut apprendre à orienter ses voiles » (James Dean). Mon but est que cette phrase touche et inspire d’autres femmes, tout comme ce billet, d’ailleurs.
Mon constat entre mes deux épisodes-cancer du sein? J’ai tellement mieux vécu cette période la deuxième fois. Au lieu de me concentrer sur le cancer, je le laissais dans un p’tit coin, pour me concentrer sur les façons de vivre au mieux cette période difficile. J’étais vraiment plus sereine, plus positive, moins accablée, et ce, malgré une chimio et un pronostic moins rassurant que lors du premier diagnostic. Je dormais mieux aussi. Mon but était de vivre au mieux chaque journée. C’était ça ma motivation principale, soit de continuer à vivre pleinement durant cette période tumultueuse, et non pas me contenter de survivre. Et ça a fait toute une différence pour moi!
Je suis curieuse… Est-ce que ça vous donne envie d’essayer?
Allez… Déposez tout doucement ces gants de boxe…
Julie Faucher
PrésidenteStudio Equilibra incBlogue Rose
La Fondation du cancer du sein du Québec est fière d’accueillir des rédactrices(teurs) invité(e)s sur son site web.