La vie après le cancer du sein : une réalité souvent méconnue

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On croit qu’une fois la rémission annoncée et les traitements terminés, tout redevient comme avant. Mais pour beaucoup, cette transition ne signifie pas un retour à la vie « normale », mais plutôt l’entrée dans une période d’adaptation, souvent marquée par des défis physiques, émotionnels ou sociaux. La route après un cancer du sein est personnelle et chaque parcours est unique.

Les traitements sont terminés : et maintenant?

La fin des traitements peut être vécue comme un nouveau départ. Pourtant, selon une étude, 72% des personnes atteintes de cancer interrogées affirment avoir connu des difficultés au cours de la première année après la fin des traitements (Brochu et Arsenault, 2022). Ces défis peuvent toucher différents aspects de la vie quotidienne.

Des effets secondaires tardifs ou persistants

Bien que les traitements actifs soient terminés, certains effets secondaires peuvent perdurer. Parmi les plus courants, on retrouve notamment la fatigue chronique, le brouillard cérébral, ou encore les effets secondaires de l’hormonothérapie.

Avant, j’étais ultra dynamique, aujourd’hui je me sens comme une batterie qui ne se recharge jamais complètement.

— Murielle, 55 ans

Ces symptômes peuvent sembler invisibles aux yeux de l’entourage, mais ils sont réels et peuvent rendre difficile la reprise de la vie d’avant. Cela peut affecter le bien-être physique des personnes atteintes, mais aussi leur moral et leur estime de soi.

Des difficultés psychologiques et émotionnelles

Ce que beaucoup considèrent comme un soulagement – la fin des traitements – peut être une période de vulnérabilité psychologique. Certaines personnes éprouvent de l’anxiété et du stress, notamment en lien avec la crainte de la récidive.

Chaque douleur me plonge dans une spirale d’angoisse. Est-ce que c’est normal ? Est-ce que c’est un signe de récidive ? Mon entourage me dit de ne pas trop y penser, mais comment faire?

— Valérie, 47 ans

La vie après le cancer du sein : une réalité souvent méconnue

Les traitements peuvent aussi impacter l’image corporelle. Se réapproprier son corps et se sentir bien dans sa peau est un processus qui peut prendre du temps.

Mon mari me dit que je suis belle, que l’important, c’est que je sois en vie. Mais moi, j’ai du mal à me retrouver.

— Marisela, 40 ans

Les défis post-cancer peuvent entrainer chez certaines personnes un sentiment de perte d’identité.

La perte de repères

J’étais là, au seuil de ma « nouvelle vie », et pourtant je me sentais plus perdue que jamais. Pendant des mois, on m’avait dit quoi faire, où aller, quand revenir. Puis, du jour au lendemain, plus rien.

— Valérie, 47 ans

Ce sentiment est plus fréquent qu’on ne l’imagine. Après des mois de traitements, les suivis s’espacent, et l’éloignement du cadre médical rassurant peut être déstabilisant.

Des difficultés à retrouver sa place

C’est comme survivre à un naufrage. On vous sort de l’eau, on célèbre votre sauvetage… mais personne ne vous explique comment vivre après le choc, comment retrouver votre vie alors que tout a changé.

— Murielle, 55 ans

Retour au travail, aux études, reprise des activités. Si certaines personnes parviennent à réintégrer leur vie d’avant sans trop de difficultés, d’autres peinent à retrouver leurs marques et un rythme de vie.

L’incompréhension autour de cette période de transition

L’incompréhension autour de cette période de transition

L’entourage, heureux de voir la maladie derrière, pense que tout est fini, et ne comprend pas toujours que le processus de convalescence et le cheminement intérieur ne soient pas terminés. « Tu devrais être heureuse, non ? ».

Le décalage entre le ressenti des personnes atteintes et les attentes de l’entourage peut être déroutant. Certaines personnes peuvent se sentir seules et incomprises.

Comment mieux vivre la transition vers la vie après les traitements?

Des ressources de soutien existent pour améliorer la transition vers « La vie après le cancer ». Voici quelques conseils et ressources pour mieux vivre cette période d’adaptation.

S’accorder du temps pour se reconstruire

Il est important de s’accorder le temps nécessaire pour intégrer les changements vécus. Se reconstruire peut passer par l’acceptation de ses émotions, de sa nouvelle réalité, et par la réévaluation de ses priorités.

Se reconstruire ne signifie pas forcément redevenir celle que l’on était avant. Cela peut être d’apprendre à être soi, autrement. Avec courage et douceur. Avec plus de fragilité, mais aussi plus de force.

— Marisela, 40 ans

Prendre soin de soi

Retrouver le plaisir de prendre soin de soi peut aider à se réapproprier son corps, en célébrant ce qu’il peut faire avec gratitude.

L’activité physique adaptée et une alimentation équilibrée peuvent jouer un rôle dans la gestion de la fatigue et pour le bien-être général. Certaines pratiques comme le yoga adapté, et la sophrologie, peuvent également aider à apaiser l’esprit et retrouver un certain équilibre émotionnel.

Trouver du soutien pour avancer

Rencontrer d’autres personnes ayant vécu la même expérience peut être utile pour comprendre que l’on n’est pas seule dans ce parcours. Parler avec des personnes qui sont passées par là et qui comprennent permet de légitimer ses émotions et de briser l’isolement.

Ce qui m’a aidée, c’est de rencontrer d’autres femmes qui avaient vécu la même chose. J’ai compris que je n’étais pas seule et que mes émotions étaient légitimes.

— Murielle, 55 ans

De nombreuses ressources sont disponibles pour les personnes qui ont terminé les traitements. Les professionnels de la santé et les services de soutien gratuits de la Fondation cancer du sein du Québec sont là pour vous avant, pendant, et même après le cancer du sein. N’hésitez pas à les consulter en cas de besoin.

S’informer et sensibiliser son entourage

Bien comprendre les enjeux de l’après-cancer peut aider à mieux vivre cette période. Il importe également que l’entourage comprenne que, même si le traitement est terminé, la rémission est un chemin complexe et propre à chacun.

L’après cancer du sein est une phase à part entière de la de la trajectoire de soins

Si vous vous reconnaissez dans cette réalité, sachez que vous n’êtes pas seul.e. Des ressources d’information et de soutien sont là pour vous accompagner dans votre cheminement personnel, une étape à la fois. N’hésitez pas à partager votre expérience et à explorer les ressources disponibles pour mieux vivre cette transition.


Ressources

Parler à des personnes qui sont passées par là et qui vous comprennent :

Consulter des professionnels de la santé :

  • La Fondation cancer du sein du Québec offre un service de soutien psychosocial gratuit.
  • L’oncologue et l’infirmière pivot en oncologie (IPO) sont là pour répondre à vos questions et coordonner les soins de suivi.
  • Le médecin de famille et le pharmacien communautaire peuvent aider à la gestion des effets secondaires.
  • Les psychologues du service d’oncologie psychosociale hospitalier, ou en pratique privée, peuvent offrir un soutien émotionnel et psychologique.
  • Consulter un ergothérapeute peut faciliter le processus d’adaptation.

Ressources d’information pour l’après-traitements :