Cette année, le Forum, Santé des seins a porté sur l’importance de l’évaluation de la balance entre les bénéfices et les impacts dans le processus de prise de décisions partagées.
Des expert.e.s du Québec sont venus parler des dernières avancées qui permettent d’optimiser les traitements du cancer du sein, pour plus d’efficacité, et moins d’effets secondaires.
Voici 5 faits saillants à retenir de cette 8e édition :
1. NexPlasmaGen : bientôt un essai clinique au CHUM, une première mondiale
NexPlasmaGen, une entreprise québécoise, a développé une technologie d’application de plasma froid pour traiter le cancer du sein. Cette technologie est injectée directement au niveau de la cavité chirurgicale ou sur les lambeaux cutanés. Elle cible les cellules cancéreuses tout en préservant les cellules saines.
NexPlasmaGen a pour objectif de réduire les traitements subséquents (radiothérapie ou une nouvelle chirurgie des marges) et ses effets secondaires. De plus, l’entreprise vise à diminuer le risque de récidive locale après une tumorectomie. Elle permet aussi de garder la peau en place sans inquiétudes. Cette méthode présente plusieurs autres avantages, tels que sa rapidité et sa tolérance. Elle ne nécessite pas non plus d’anesthésie générale ni de nouvelles interventions planifiées.
Les recherches ont déjà démontré l’efficacité du plasma froid pour détruire les cellules cancéreuses in vitro et chez les rongeurs. Une étude clinique visant à évaluer son efficacité et sa sécurité chez l’humain auprès d’une cohorte de 18 patientes va bientôt débuter au centre hospitalier de l’Université de Montréal (CHUM).
Nexplasmagen a reçu le prix de la meilleure compagnie en MedTech pour l’oncologie au Canada lors des Biotechnology Awards de 2024. La Fondation cancer du sein du Québec finance ce projet. Nous sommes convaincus de son potentiel pour améliorer la survie et la qualité de vie des personnes atteintes de cancer du sein.
2. Remise du Grand Prix Scientifique à Jacques Simard pour PERSPECTIVE
Le Grand Prix Scientifique est décerné pour reconnaître la carrière et l’impact d’un chercheur. Cette distinction est accompagnée d’une bourse de 25 000 $. Cette année, la Fondation cancer du sein du Québec a attribué ce prix au Professeur Jacques Simard. Ce prix est décerné pour ses recherches d’intérêt public menées dans le cadre du projet PERSPECTIVE.
L’équipe du Pr. Simard a introduit une approche novatrice dans la prévention et le dépistage du cancer du sein. Elle se base sur une évaluation du risque individuel, beaucoup plus précise que l’âge seul. Un simple prélèvement de salive permet d’analyser près de 300 gènes de susceptibilité au cancer du sein, identifiés par l’équipe de recherche.
Cette évaluation du risque multigénique, combinée à l’analyse d’autres facteurs, permet de classer le niveau de risque de chaque femme en trois catégories. La stratification du risque facilite la recommandation de stratégies de prévention et de dépistage mieux adaptées à chaque personne.
Cette approche personnalisée évite les examens inutiles chez certaines femmes, tout en identifiant plus efficacement celles qui nécessitent un suivi plus étroit. En fin de compte, une réduction plus efficace du risque pourrait conduire à une diminution des cas de cancer du sein. Une détection plus précoce de la maladie améliorerait la survie et la qualité de vie des personnes touchées.
La Fondation soutient financièrement le projet PERSPECTIVE depuis ses débuts, un soutien crucial pour ses progrès.
3. Repousser les limites de l’Oncotype DX
L’Oncotype DX est un outil précieux pour personnaliser le traitement du cancer du sein. Il s’agit d’un test qui analyse l’expression de 21 gènes dans les cellules tumorales du cancer du sein. Il fournit un score de récidive (appelé “score de récidive” ou “RS” pour “Recurrence Score”) qui aide à prédire la probabilité de récidive du cancer à distance (dans d’autres parties du corps) dans les années suivant le diagnostic.
C’est ce score qui aide les médecins et les patientes à décider si la chimiothérapie est nécessaire. L’Oncotype DX est jusqu’à présent effectué dans un contexte précis : avant la chirurgie, principalement pour les patientes atteintes d’un cancer du sein invasif à un stade précoce, à récepteurs hormonaux positifs, et HER2 négatif.
Toutefois des études sont en cours pour déterminer la pertinence et la façon dont on pourrait utiliser ce test dans d’autres contextes. On évalue notamment si le test pourrait être effectué auprès des femmes pré-ménopausées atteintes d’un cancer du sein avec une atteinte ganglionnaire.
De plus, étant donné qu’il a été démontré que les résultats de la biopsie étaient fiables pour évaluer le statut des ganglions, la recherche évalue à présent la possibilité d’effectuer le test Oncotype DX avant la chirurgie. Si le test révèle que la personne pourrait bénéficier de la chimiothérapie, le traitement chimiothérapeutique pourrait alors être donné avant la chirurgie (en néo-adjuvant), permettant ainsi des chirurgies moins invasives.
4. Des traitements de radiothérapie toujours plus ciblés et moins invasifs
La radiothérapie est souvent utilisée après une chirurgie conservatrice du sein (comme une tumorectomie). Elle vise à éliminer les cellules cancéreuses résiduelles et ainsi réduire le risque de récidive locale. Ces dernières années, de nombreuses avancées ont vu le jour pour optimiser les traitements de radiothérapie (telle que la radiothérapie hypofractionnée).
La radiothérapie conventionnelle implique généralement de multiples séances sur plusieurs semaines. La radiothérapie hypofractionnée, elle, consiste à donner une dose plus concentrée, mais en limitant les visites.
La radiothérapie hypofractionnée existe de longue date. Mais depuis 2020 on a démontré son efficacité en moins de visites (5 séances) pour les stades plus précoces (sans ganglions atteints). Elle permet de réduire le nombre de visites de 15 à 5 visites.
Pour les cancers du sein précoces, sans reconstruction ni ganglions atteint : les études ont montré que la radiothérapie hypofractionnée peut être aussi efficace que la radiothérapie conventionnelle. Elle permet un contrôle local de la maladie et de survie globale, tout en présentant des taux similaires de toxicité à court et à long terme. Cela signifie que les patients peuvent bénéficier des mêmes résultats thérapeutiques tout en recevant moins de séances de traitement.
En réduisant le nombre de visites à l’hôpital, on réduit également les coûts et les inconvénients pour les personnes atteintes. On pense par exemple à ceux qui vivent loin du centre de traitement.
Une étude de phase III, Hypofractionated LocoRegional Radiotherapy in Breast Cancer (RHEAL), est en cours pour savoir si les personnes qui ont reçu un diagnostic de cancer du sein avec atteinte ganglionnaire pourraient également bénéficier de seulement 5 visites au lieu de 15, grace à la radiothérapie hypofractionnée.
5. Des avancées à venir avec le Registre québécois du cancer du sein métastatique
Le Registre québécois du cancer du sein métastatique, soutenu financièrement depuis sa création par la Fondation du cancer du sein du Québec (FCSQ), a été établi en 2021. Cette initiative consiste en une plateforme de collecte et de partage d’informations sur les cas de cancer du sein métastatique au Québec. La connaissance des parcours des patient.e.s d’aujourd’hui est fondamentale pour améliorer la prise en charge et la qualité de vie des patiente.s de demain.
Ce précieux outil offre aux chercheurs, sociétés pharmaceutiques et cliniciens, un accès à des données de vie réelle cruciales sur les traitements et leurs impacts. L’objectif étant de faire progresser la recherche et les soins. Actuellement, 744 patientes sont déjà enregistrées dans le Registre, grâce à la participation d’une dizaine d’établissements partenaires.
On compte le Centre universitaire de santé McGill (CUSM), le Centre hospitalier de l’Université de Montréal (CHUM), le CHU de Québec-Université Laval (CHUQ), l’Hôpital Maisonneuve-Rosemont (HMR), l’Hôpital du Sacré-Cœur-de-Montréal, le Centre hospitalier de St-Mary, le Centre hospitalier régional de Lanaudière, le Centre hospitalier universitaire de Sherbrooke (CHUS) et l’Hôpital de Chicoutimi. D’autres établissements se joindront à l’avenir pour enrichir cette base de données essentielle à travers toute la province du Québec.
Si vous souhaitez vous inscrire au Registre, le personnel des hôpitaux partenaires approche les personnes concernées. Cependant, si vous êtes suivi.e dans l’un des centres hospitaliers mentionnés ci-dessus et que vous n’avez pas été sollicité.e pour y participer, n’hésitez pas à en parler à votre équipe médicale.