Le 3 mars, Journée mondiale du cancer du sein triple négatif (CSTN), est l’occasion de sensibiliser à ce type de cancer particulièrement agressif, qui représente environ 10% à 15 % des cas de cancer du sein. Sa détection précoce est essentielle pour une prise en charge efficace, mais les stratégies de dépistage actuelles restent perfectibles.
Qu’est-ce que le CSTN?
Le CSTN se distingue par l’absence de trois récepteurs cellulaires : les récepteurs aux œstrogènes, à la progestérone et à la protéine HER2. Cela limite les options thérapeutiques et le rend plus difficile à traiter.
Caractéristiques clés du CSTN :
Options de traitement : Les traitements hormonaux et ceux ciblant HER2 sont inefficaces pour le CSTN, qui nécessite des approches spécifiques. Apprenez-en davantage sur les avancées pour le traitement du CSTN.
Prédispositions génétiques : 15 % à 25% des CSTN sont liés à des mutations génétiques, notamment du gène BRCA1.
Profil des personnes atteintes : Les femmes d’origine africaine ou asiatique risquent davantage d’être atteintes d’un CSTN. Ce type de cancer du sein est fréquemment diagnostiqué chez des femmes âgées de moins de 50 ans, avec une incidence notable chez celles de moins de 40 ans.
Agressivité : Le cancer du sein triple négatif se développe plus rapidement. Il est plus susceptible de métastaser et de récidiver.
Pourquoi la détection précoce du CSTN est-elle essentielle?
La détection précoce du cancer du sein augmente considérablement les chances de rémission, particulièrement pour les cancers agressifs comme le CSTN. Une prise en charge rapide, c’est-à-dire aux premiers stades de la maladie, permet d’optimiser les traitements, d’améliorer la survie et la qualité de vie des personnes atteintes.
Pour détecter le cancer du sein le plus tôt possible, il importe de suivre les recommandations de dépistage. Il est également recommandé d’être vigilant face aux signes possibles de la maladie, afin de les signaler à un professionnel de la santé dans les meilleurs délais.
Recommandations et limites du Programme de dépistage organisé
La mammographie est le seul examen reconnu efficace pour le dépistage du cancer du sein. Au Québec, le Programme québécois de dépistage du cancer du sein (PQDCS) invite les Québécoises âgées de 50 à 74 ans à passer une mammographie de dépistage tous les deux ans.
Bien que ce Programme contribue à la diminution de la mortalité par cancer du sein, il n’inclut pas les femmes plus jeunes ou à haut risque, notamment génétique.
Or :
- Environ 16% des cas de cancer du sein surviennent avant l’âge de 50 ans.
- Le CSTN est particulièrement préoccupant pour les femmes plus jeunes et celles ayant des prédispositions génétiques spécifiques.
- Certains CSTN sont dits “d’intervalle”, car ils se développent entre deux mammographies de dépistage.
Cette réalité souligne l’importance d’améliorer les stratégies de dépistage.
Les personnes à haut risque ont-elles accès au dépistage en dehors du PQDCS?
Un médecin ou une infirmière praticienne spécialisée de première ligne peuvent prescrire des examens de dépistage avant 50 ans, après 74 ans, ou plus fréquemment aux personnes identifiées comme étant à risque élevé de cancer du sein. L’évaluation des facteurs de risque est essentielle pour une prise en charge efficace, pourtant, elle n’est pas systématique.
En ce qui concerne le risque lié à des prédispositions génétiques, les professionnels de la santé utilisent les lignes directrices établies par le National Comprehensive Cancer Network (NCCN) pour identifier et prendre en charge les personnes à risque de cancer héréditaire. Pour en apprendre davantage sur le sujet, nous vous invitons à consulter nos capsules vidéo éducatives, notamment celle intitulée Identifier les personnes à risque.
Si vous avez des questions ou des inquiétudes concernant votre risque de cancer du sein, n’hésitez pas à en parler à un médecin.
Le dépistage : pas seulement une question d’âge
L’idée d’élargir la tranche d’âge éligible au PQDCS fait débat. Toutefois, cette approche ne tient pas en compte du fait que toutes les femmes d’une même catégorie d’âge n’ont pas forcément le même niveau de risque.
Le dépistage organisé basé sur le seul critère de l’âge peut entraîner des examens inutiles pour les personnes à faible risque, tout en excluant toutes les femmes appartenant à une certaine catégorie d’âge, pourtant pas épargnée par la maladie.
Mais alors, comment faire mieux? Une approche basée sur le niveau de risque individuel plutôt que seulement sur l’âge améliorerait l’efficacité du dépistage et contribuerait à plus d’équité en santé.
Projet PERSPECTIVE : agir en connaissance du risque
Le projet PERSPECTIVE mené par l’équipe du Pr. Jacques Simard, propose une approche susceptible de transformer le dépistage du cancer du sein.
L’équipe analyse près de 300 gènes de susceptibilité au cancer du sein grâce à un simple test salivaire. Les résultats du test, combinés à l’évaluation d’autres facteurs, permettent de déterminer le niveau de risque de chaque femme, et de recommander des stratégies de prévention et de dépistage personnalisées.
En évitant des examens inutiles pour certaines femmes, tout en identifiant celles qui nécessitent un suivi plus rapproché, cette approche pourrait optimiser les bénéfices du dépistage et en réduire les impacts, aussi bien pour les patientes que pour le réseau de la santé.
Ce projet, soutenu par la Fondation cancer du sein du Québec, est actuellement en phase d’intégration et d’implantation. Il pourrait réduire l’incidence du cancer du sein, améliorer la survie, notamment pour le CSTN, et, en somme, sauver des vies.
Apprenez-en davantage sur les projets de recherche financés par la Fondation cancer du sein du Québec.
Sources
- Cancer Care Ontario, Dépistage du cancer du sein
- National Cancer Institute, Triple Negative Breast Cancer Overview
- Journal of Clinical Oncology, Impact of Mammographic Density on Breast Cancer Detection
- Hammouda SB, Abdessayed N, Abdeljelil NB, Hanchi H, H Mida D, Mokni M. Cancer du sein triple négatif: particularités anatomo-cliniques et moléculaires [Triple negative breast cancer: clinical, pathological and molecular characteristics]. Pan Afr Med J. 2022 May 12;42:30. French. doi: 10.11604/pamj.2022.42.30.28464. PMID: 35910055; PMCID: PMC9288125.
- PERSPECTIVE. (2024). À propos de l’étude PERSPECTIVE. Étude PERSPECTIVE. https://www.etudeperspective.ca