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Cancer du sein triple-négatif

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Qu’est-ce que le cancer du sein triple-négatif (CSTN) ?

Il faut plutôt poser la question différemment : qu’est-ce que n’est pas le cancer du sein triple négatif ? Ce n’est ni un cancer hormonodépendant (on parle ici de dépendance à l’estrogène (ER+) ou à la progestérone (PR+)) comme le sont environ 70% des cancer du sein, ni un cancer avec une surexpression du gène HER2.

L’hormonodépendance et HER2 permettent des traitements ciblés : ce qui veut dire que le cancer du sein triple négatif se retrouve sans véritable cible thérapeutique ! Il sera donc généralement traité avec de la chimiothérapie.

Malheureusement, ce type de cancer du sein est très souvent plus agressif que les autres[1]. Il est fréquemment diagnostiqué à un stade plus avancé, chez des femmes plus jeunes (avant 40 ans) et est plus enclin à la récidive[2].
Avant, le cancer triple-négatif semblait être un seul type de cancer sans cible thérapeutique propre. Cependant, grâce aux avancées dans la recherche durant les dernières années, différents sous-types ont été identifiés permettant aux chercheurs de développer des thérapies ciblées !

Tour d’horizon des différentes avancées dans son traitement

L’immunothérapie 

Les choses continuent à évoluer dans ce domaine, notamment avec les traitements inhibiteurs de point de contrôle pouvant cibler les protéines PD-1 ou PD-L1… Mais de quoi parle-t-on ?

Pour simplifier, nos cellules immunitaires ont pour rôle de détruire les bactéries, virus ou encore cellules anormales comme les cellules cancéreuses. Afin de ne pas s’activer n’importe quand ou contre n’importe quoi, elles possèdent une sorte de cadenas appelé PD-1 : s’il est verrouillé par la bonne clé, elles restent inactives. Sinon, elles jouent leur rôle.

 Malheureusement les cellules tumorales de certains cancers du sein triple-négatif possèdent cette clé, appelée PD-L1 et peuvent ainsi inactiver nos cellules immunitaires. L’immunothérapie vise à empêcher l’interaction entre la clef et le cadenas, soit en ciblant la clé PD-L1 présente sur la cellule tumorale, soit en ciblant l’accès au cadenas PD-1. Ainsi, les cellules immunitaires sont activées et peuvent jouer leur rôle : détruire les cellules tumorales.  

Dans la pratique, qu’en est-il ?

Depuis novembre 2021, un traitement anti-PD-1 associé à une chimiothérapie est approuvé au Canada pour les femmes présentant un cancer du sein triple négatif métastatique, non résécable présentant le marqueur PD-L1. Les études sur cette thérapie ayant montré une amélioration significative de la survie des patientes par rapport à un traitement par chimiothérapie + placebo[3].

En Europe, une étude clinique[4] est également en cours afin de vérifier si un traitement d’immunothérapie anti PD-L1, efficace chez des patientes touchées par un cancer du sein triple-négatif métastatique, pourrait être efficace en traitement néoadjuvant (avant la chirurgie) chez des femmes présentant un  cancer du sein triple-négatif localisé (non-métastatique).

Conjugués anticorps-médicament 

Une des nouveautés de la fin d’année 2021 est l’approbation par Santé Canada d’un traitement[5] conjugué anticorps-médicament pour les femmes touchées par un cancer du sein triple négatif, non-résécable, métastatique et après 2 lignes de traitement. Le principe de ce traitement est simple : envoyer l’agent chimiothérapeutique directement dans la cellule tumorale, grâce à un anticorps qui va se lier spécifiquement à la cellule tumorale, et ainsi permettre la destruction de son ADN.

La chimiothérapie va donc cibler les cellules tumorales uniquement et épargner les cellules saines, diminuant ainsi les effets secondaires du traitement.  

Cibler les mutations génétiques BRCA : inhibiteurs de PARP

Les protéines PARP agissent de façon complémentaire avec une autre protéine BRCA dans la réparation de l’ADN. Lors d’une mutation de type BRCA, les gènes BRCA1 ou 2 ne fonctionnent plus normalement, et la réparation dépend donc des autres mécanismes comme PARP.

La cellule cancéreuse va donc devoir utiliser le mécanisme lié à PARP pour réparer les mutations de son ADN. Les traitements inhibiteurs de PARP vont alors cibler ces protéines et empêcher ainsi leur action. Sans le processus de réparation utilisant BRCA (causé par la mutation), ni celui utilisant PARP (bloqué par le traitement), la cellule tumorale se retrouve sans solution de réparation et voit l’accumulation de mutations dans son ADN qui vont mener à sa mort.

Découvrir de nouvelles voies de signalisation cellulaire

L’une des solutions d’avenir pour cibler le cancer du sein triple-négatif est de découvrir des caractéristiques qui lui sont propres. C’est ce qu’un chercheur québécois et son équipe ont réalisé en en analysant et en « éteignant » un à un les 20 000 gènes du génome humain. Ils ont ainsi découvert 2 voies de signalisation qui semblerait spécifiques au cancer du sein triple-négatif. Pour faire simple : 2 interrupteurs avec des fonctions spécifiques.

L’une des voies est activée et agit dans le développement de la cellule tumorale, tandis que l’autre est désactivée alors qu’elle devrait jouer un rôle de suppression de la tumeur.  À l’issue de cette découverte, les chercheurs ont donc examiné et trouvé des médicaments qui inverseraient les fonctions : inactiver la voie impliquée dans le développement tumorale et activer la voie impliquée dans sa suppression.

Bonne nouvelle ! Les premiers résultats sont très positifs. L’étude va donc pouvoir passer à la phase clinique en espérant retrouver les mêmes effets chez les patients y participant que ceux obtenus en laboratoire.

Nos investissements dans le cancer du sein triple-négatif 

La fondation cancer du sein du Québec finance la recherche sur tous les types de cancer du sein. Plus spécifiquement, voici quelques exemples de projets co-financés en cancer du sein triple négatif :

  • Jerry Pelletier : Approches novatrices pour cibler la traduction des ARNm dans les cancers du sein avec mauvais pronostics
  • Anne-Marie Mes-Masson : Développement de petites molécules inhibitrices de la GTPase Ran en tant qu’agents anticancéreux
  • John White : Analogues bifonctionnels de la vitamine D contre le cancer du sein de type triple négatif
  • Jean-François Côté : Rôle de la signalisation de la MAP kinase ERK3 dans la progression et la formation de métastases du cancer du sein triple négatif

Bibliographie :

Les faiblesses du cancer du sein révélées – Québec Science (quebecscience.qc.ca)

[1] Triple Negative Breast Cancer – An Overview (nih.gov)

[2] Triple-negative breast cancer: clinical features and patterns of recurrence – PubMed (nih.gov)

[3] https://ascopost.com/issues/december-10-2021/keynote-355-final-analysis-reveals-survival-benefit-with-pembrolizumab-in-triple-negative-breast-cancer/

[4] https://www.fondation-arc.org/projets/traiter-efficacement-cancers-sein-triples-negatifs-avant-evolution-metastatique-mobilisant-systeme-immunitaire-prism-sein

[5] https://www.canada.ca/fr/sante-canada/services/medicaments-produits-sante/medicaments/liste-drogues-ordonnance/avis-concernant-modifications/additions-multiples-2021-10-21.html