Lors de l’annonce d’un diagnostic de cancer du sein, il est certain que tout parent confronté à une telle situation souhaite préserver son enfant des conséquences de la maladie. Alors, il est très légitime de se poser ces questions : l’annoncer est-il la bonne solution? Ou ne pas le dire afin de le.la/les protéger? Qu’importe votre décision, n’oubliez pas : votre choix vous est propre et est personnel.
Si vous décidez d’en parler, voici les recommandations que font de nombreux spécialistes comme Gabrielle Fortin, Travailleuse sociale, Professeure à l’Université Laval et Chercheure en oncologie psychosociale. Ils nomment l’importance de dire la vérité, toute en douceur.
Afin de vous guider dans ce processus, nous avons donc interrogé Gabrielle Fortin afin de pouvoir vous fournir quelques conseils et ressources.
Les enfants peuvent ressentir certains de nos non-dits
Les enfants ressentent beaucoup les émotions des adultes qu’ils côtoient au quotidien. Il est donc parfois difficile en tant que parent, de leur dissimuler certains sentiments ou situations. En parlant aux enfants et en leur faisant part de la vérité : c’est une façon de leur montrer la confiance que vous avez en eux. Cela peut aussi signifier que vous pensez qu’ils ont les ressources nécessaires pour faire face à la situation, et leur donner confiance en eux. Les enfants apprennent donc qu’ils peuvent avoir confiance en vous, aussi.
Lors d’une situation comme l’annonce d’un diagnostic, les “nouvelles” réactions de la part d’un/des parent.s pourraient être interprétées de différentes manières par les enfants. Nous savons qu’un cancer du sein peut entraîner de nombreux changements d’humeur, beaucoup de stress et un manque d’énergie pouvant conduire à une diminution de l’attention que vous pouvez donner à la famille et l’entourage. En leur parlant, vous déconstruisez les possibles déductions qu’ils pourraient tirer par eux-mêmes, et qui pourraient parfois être dur à vivre : “C’est de ma faute si…”.
L’honnêteté et la vérité ont donc une grande importance. Même si l’intention est de protéger, les non-dits peuvent finalement être très préjudiciables car votre enfant, peu importe son âge, vous connait et ressent quand quelque chose ne va pas.
1. Y a-t-il un meilleur moment pour annoncer le diagnostic ?
Il est important de s’accorder du temps pour digérer le choc du diagnostic, mais également pour réfléchir à ce qui va être dit aux enfants. Il est très compréhensible de retarder le moment de l’annonce par appréhension, ou parce que vous ne savez tout simplement pas comment le formuler.
Selon Gabrielle Fortin, il est important d’avoir un espace pour pouvoir se préparer à l’annonce. Mais quel que soit votre diagnostic, il est préférable de ne pas trop tarder pour en parler, car il n’y aura jamais de moment “parfait” pour parler d’un sujet aussi délicat.
Dans le cas où il y a plusieurs enfants à qui en parler, il est tout à fait possible d’annoncer le diagnostic à toute la fratrie en même temps. Mais selon leur différence d’âge, il faudra peut-être leur expliquer différentes choses, à différents moments. Gabrielle Fortin rappelle que chaque parent est le plus grand expert de son enfant et qu’il n’existe pas qu’une seule formule, car chaque dynamique familiale est unique. L’important est donc de choisir la façon qui vous convient le mieux. Pour vous aider, identifiez un moment dans votre routine qui est généralement un moment privilégié comme un moment de qualité avec votre enfant (au petit-déjeuner durant la fin de semaine, au dessert d’un souper de la semaine ou avant la lecture du coucher par exemple).
2. Comment parler du cancer du sein aux enfants ?
Généralement, la personne diagnostiquée est la mieux placée pour en parler, et donc l’annoncer, si c’est possible bien sûr. Idéalement, l’autre parent ou une personne proche de la famille peut être également présente lors de l’annonce, afin de vous soutenir dans cette annonce. Cela montre ainsi aux enfants qu’ils sont en face d’une équipe soudée dans cette épreuve, ce qui peut être très rassurant et réconfortant pour eux. Cela permet aussi à l’enfant de voir qu’il peut se confier à cette autre personne au besoin.
Sachez que l’enfant n’est jamais trop jeune pour connaître la vérité : il est toutefois recommandé de choisir des mots adaptés à son âge et à son stade de développement. Ainsi, sur un ton calme, la situation peut être expliquée en utilisant des termes précis et des définitions simples. Pour vous aider, n’hésitez pas à demander à l’enfant ce qu’il comprend de ce que vous venez de lui dire, et de lui demander s’il a des questions. Y aller en douceur et par étape est également conseillé, une information à la fois pour lui laisser le temps d’assimiler l’annonce. L’enfant posera les questions au fur et à mesure qu’il sera prêt à entendre les réponses. Petit conseil : il est important qu’il sente que la porte est toujours ouverte pour poser des questions ou pour exprimer ce qu’il ressent.
3. Le moment de l’annonce : est-ce possible de l’anticiper et bien se préparer ?
Au moment de l’annonce, il est possible que les enfants vous surprennent par une réaction inattendue, ou même qu’ils ne réagissent pas. Il faudra faire preuve de patience et accepter leurs réactions. L’important est qu’ils sachent que vous serez là pour les écouter quand ils seront prêts à en parler. Vous pourriez également valider son niveau de compréhension en lui demandant d’expliquer dans ses propres mots ce qu’il a compris de la situation et de la maladie. Demandez-leur régulièrement comment ils se sentent par rapport à la situation et s’ils ont des questions. Soyez attentif, à l’écoute de leurs inquiétudes et validez leurs émotions.
4. Pendant et après l’annonce : Et si je n’ai pas la réponse ?
Les enfants pourraient poser des questions auxquelles le.s parent.s n’a.ont pas de réponse, ou de solutions pour le moment, et il est normal de se demander comment y répondre. Encore une fois, l’honnêteté et la douceur sont de mise. Vous pouvez dire que vous ne savez pas, tout simplement, tout en expliquant ce que vous savez dans le moment présent, et en promettant de tenir votre enfant informé de l’évolution de la situation. Dans tous les cas, l’important est de ne pas faire de promesse sans certitude.
5. Préparer les enfants aux changements : nos conseils
Face aux différents changements, les enfants peuvent se demander si ce qui arrive est normal. En prenant une journée à la fois, vous pouvez progressivement les avisez de l’évolution de la maladie, des traitements ou de tous changements qui affecte la famille, la routine, mais aussi votre apparence et votre disponibilité. Bien entendu, la maladie entraîne une incertitude dans les changements à venir. Être honnête avec les enfants, en leur expliquant le caractère imprévisible de certaines choses pourrait les aider à mieux composer avec et les accepter.
Il est aussi important pour le.s parent.s de garder une certaine flexibilité, explique Gabrielle Fortin, qui invite à “ne pas se mettre trop de pression, tout est rattrapable et tout le monde peut s’adapter au fur et à mesure”.
N’oubliez pas, chaque famille et chaque cas de cancer est différent. Ces conseils sont à adapter selon votre style de communication personnel, et votre situation familiale et personnelle.
La Fondation est là pour vous soutenir psychologiquement suite à un diagnostic de cancer du sein. Afin de vous soutenir à travers les multiples défis émotionnels qu’engendre cette maladie, bénéficiez d’un soutien psychosocial avec notre travailleuse sociale pour retrouver un équilibre dans votre quotidien, par le biais de rencontres individuelles ou familiales, en personnes, par téléphone ou par vidéoconférence. Pour cela, appelez-nous au 1-855-561-ROSE ou écrivez-nous au soutien@rubanrose.org.