Alcool et cancer du sein 

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Selon l’Organisation Mondiale de la Santé, le cancer du sein est désormais le cancer le plus courant à l’échelle mondiale. Au Canada, l’alcool cause environ 7 000 nouveaux cas de cancer par an, dont 24% sont des cancers du sein.  

L’alcool fait partie du quotidien de nombreuses personnes au Québec. En effet, en 2021, c’est 85% des plus de 15 ans qui boivent de l’alcool au moins une fois par an. De cette population, environ la moitié boit au moins une fois par semaine, selon un sondage d’Éduc’alcool. 

Étant une habitude bien ancrée dans notre culture, on peut donc se demander quels sont les risques de cancer du sein associés à cette consommation.  

Boire de l’alcool peut-il causer le cancer du sein?   

Alcool et cancer du sein 

Même si c’est une habitude pour beaucoup d’entre nous: boire un verre d’alcool par jour augmente le risque de développer un cancer du sein de 5 à 10%. 

Plus en détails, c’est la quantité d’alcool pur, aussi appelé éthanol, qui compte et impacte le risque de cancer du sein. En conclusion : plus on boit d’alcool, peu importe le type de boisson, plus on augmente ce dernier. 

La consommation d’alcool est donc un des plus grands facteurs de risque associés au mode de vie et à l’environnement de cancer du sein selon l’OMS.

Bien que l’on ignore encore l’ensemble des mécanismes reliant cette consommation à cette maladie, les experts ont émis certaines hypothèses, comme : 

  • La métabolisation de l’alcool libère un composé nocif pour les cellules qu’on appelle l’acétaldéhyde. Celui-ci pourrait entraîner des dommages au niveau de l’ADN des cellules mammaires et favoriser le développement de la maladie.  
  • L’alcool affecte le niveau d’œstrogène dans le sang et il augmente la libération de cette hormone par les cellules graisseuses du corps. L’exposition aux œstrogènes fait partie des risques de cancer du sein.  

Certains facteurs peuvent également intervenir : 

  1. L’augmentation du risque est dose-dépendante, c’est-à-dire que plus une personne boit, plus son risque augmente. Le risque augmente avec la quantité de verres consommés (1 verre standard correspond à 14g d’alcool) : 2 verres par jour = risque multiplié par 2, 3 verres = risque multiplié par 3, et ainsi de suite. Aucune dose n’est considérée comme sans risque.  
  1. Les facteurs génétiques peuvent également augmenter le risque lié à la consommation d’alcool en affectant le métabolisme de l’alcool.  
  1. La consommation d’alcool pourrait entraîner également une augmentation de la densité mammaire, un facteur de risque de la maladie.  
  1. L’alcool peut diminuer l’absorption de nutriments essentiels. Ces nutriments protègent contre les dommages aux cellules. Parmi eux, on trouve l’acide folique, une vitamine B, ainsi que les vitamines A et C. 

En raison de son impact sur le cancer, le Centre International de Recherche sur le Cancer (CIRC) classe l’alcool comme un cancérogène avéré. Ainsi, moins boire est recommandé afin de limiter les risques de développer un cancer du sein.  

Y a-t-il des types d’alcool meilleurs que d’autres ?  

Certains alcools, comme le vin rouge, ont souvent une réputation « d’alcool santé » parce qu’ils contiennent des antioxydants (molécules qui permettraient de limiter les dommages aux cellules).  

Toutefois, il est bon de savoir que l’effet néfaste de l’alcool sur les cellules mammaires outrepassent les bienfaits potentiels attribués à leur consommation. Une consommation d’alcool est donc et reste à risque, peu importe le type d’alcool consommé

Le Centre canadien sur les dépendances et l’usage de substances (CCDUS) a d’ailleurs revus considérablement à la baisse ses recommandations quant à la consommation d’alcool pour les Canadiens et Canadiennes!  

Auparavant, celles-ci correspondaient à une consommation maximale de 15 verres par semaine pour les hommes et de 10 verres pour les femmes.  

Le CCDUS propose depuis 2022 des recommandations en fonction du risque général pour la santé où 2 verres ou moins par semaine correspondent à un faible risque, 3 à 6 verres un risque modéré et 7 verres ou plus, un risque élevé.   

(Ces conseils étant destinés à la population générale, le risque pouvant varier d’un individu à l’autre, bien sûr.)  

Comment limiter son risque en lien avec la consommation d’alcool ?  

Pour commencer, prendre pleinement conscience de ses habitudes de vie est une première étape importante. Ainsi, vous pourriez vous poser des questions telles que :  

  • Quelle est ma consommation d’alcool ?  
  • À quelles occasions est-ce que j’en consomme ? 
  • Quelles raisons m’amènent à consommer de l’alcool ? 

Une fois les réponses à ses questions établies et selon votre besoin, vous pourriez souhaiter modérer ou diminuer votre consommation. Nous savons que limiter sa consommation peut être un enjeu pour certaines personnes. Nous vous avons donc regroupé quelques suggestions pouvant vous apporter un peu d’aide ou des alternatives : 

  • Consommez des options sans alcool tels que du jus, du kombucha, de la bière sans alcool, des « mocktails », etc. On retrouve maintenant plusieurs excellentes options de vins ou spiritueux sans alcool au Québec vendus tant dans des boutiques spécialisées qu’à l’épicerie. 
  • Si vous pensez que votre consommation d’alcool est liée à la gestion de votre stress, interrogez l’origine de ce stress et vous pouvez tester des méthodes alternatives telles que prendre une marche, méditer ou la prise de consciences pour décompresser et gérer ce stress. 
  • Prenez la bonne habitude de ne pas questionner les personnes de votre entourage qui choisissent de ne pas boire afin d’alléger la pression sociale liée au fait de ne pas consommer d’alcool. 
  • Dans le cas où la consommation d’alcool est un enjeu pour vous, vous pouvez également contacter des ressources spécialisées afin d’obtenir une aide adaptée à vos défis et votre situation : 
  1. Le centre intégré de santé et services sociaux (CISS) ou centre intégré universitaire de santé et de services sociaux (CIUSS) le plus près de chez vous  
  1. Drogue : Aide et référence ou appelez-les au 1 800 265-2626  
  1. Programme Alcochoix+  
  1. Répertoire des ressources en dépendances du Gouvernement du Québec  
  1. Alcooliques Anonymes Québec 

Nous vous invitons également à consulter le billet de blogue intitulé Quel est l’impact de l’alcool pour les personnes atteintes?

Références:   

Éduc’Alcool. Les Québécois et l’alcool 2021. Statistiques de consommation au Québec. 11 novembre 2021: Les Québécois et l’alcool 2021 – Éduc’alcool (educalcool.qc.ca).   

WHO int. Alcohol is one of the biggest risk factors for breast cancer. Media Release. 20 octobre 2021: Alcohol is one of the biggest risk factors for breast cancer (who.int).   

Gapstur SM, Bouvard V, Nethan ST, Freudenheim JL, Abnet CC, English DR, Rehm J, Balbo S, Buykx P, Crabb D, Conway DI, Islami F, Lachenmeier DW, McGlynn KA, Salaspuro M, Sawada N, Terry MB, Toporcov T, Lauby-Secretan B. The IARC Perspective on Alcohol Reduction or Cessation and Cancer Risk. N Engl J Med. 2023 Dec 28;389(26):2486-2494. doi: 10.1056/NEJMsr2306723. PMID: 38157507. 

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Center for Addiction and Mental Health. Alcohol consumption and cancer in Canada. CAMH News and stories. 13 juillet 2021: New WHO study links moderate alcohol use with higher cancer risk | CAMH.   

Sun Q, Xie W, Wang Y, Chong F, Song M, Li T, Xu L, Song C. Alcohol Consumption by Beverage Type and Risk of Breast Cancer: A Dose-Response Meta-Analysis of Prospective Cohort Studies. Alcohol Alcohol. 2020 Apr 16;55(3):246-253. doi: 10.1093/alcalc/agaa012. PMID: 32090238. 

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